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4 novembre 2007

Roman - 1. prologue

 PROLOGUE

 

 

 

 Mon nom est Arpège. Je suis un vieux mage grisonnant, le genre de mage que l’on imagine aisément, pas costaud pour deux sous, emmitouflé, été comme hiver, d’une grosse robe sombre, qui parcourt le monde avec un bâton presque aussi vieux que moi... et je ne sais même pas l’âge que j’ai... je suis un mage, en accord parfait avec la magie qui anime la moindre parcelle de mon être, à tel point que je n’ai plus de baguette depuis bien longtemps... Et si je prends ma plume aujourd’hui, comme un poète que je ne suis pas, c’est que je suis le seul, je pense, maintenant, à pouvoir raconter cette histoire...Cette histoire est une histoire terrible, et vous devrez avoir beaucoup de sang-froid pour en supporter tous les épisodes, aussi effroyables soient-ils... Je ne sais, au juste, pourquoi j’ai attendu si longtemps avant de l’écrire... sans doute la peur de revivre tout ceci a-t-elle freiné mon projet. Car j’ai toujours su qu’un jour, il faudrait que je m’y mette. C’était en moi comme une évidence, et pourtant j’ai lutté, lutté, lutté... J’ai lutté si longtemps... j’avais toujours plein d’autres choses à faire... cueillir des plantes pour mes potions... Relire le passage d’un enchantement... Mais cela hurlait en moi, cela hurle toujours... j’entends cette voix, si familière, maintenant, cette voix comme une seconde voix qui me parle constamment, et qui me dit, Arpège, Arpège, ton destin n’est pas terminé, tu as accompli beaucoup de choses, c’est vrai, mais il te reste encore cette dernière chose à accomplir, que toi seul peux accomplir... au crépuscule de mes jours, alors que ma barbe blanche tremble contre mes genoux, et que ma vie, fatiguée, insipide, s’est déroulée comme une douce rivière apaisée après la tempête... Réussirai-je à rendre compte de toute cette aventure, sans que cela ne soit tronqué par ma mémoire si pleine des jours qui se sont empilés au-dessus des plus anciens, des plus précieux, les recouvrant d’une poussière qui comme un masque me protège de mon passé? C’est si loin, maintenant... Si loin... Mais je suis ce que je suis, et je peux constater encore aujourd’hui que mon merveilleux don ne m’a pas abandonné... Il retrace devant mes yeux les jours anciens, si anciens, et tout me revient avec une limpidité enivrante... Je prends ma plume, et les phrases viennent en moi comme une douce mélodie, les mots se culbutent un peu dans mon esprit mais l’essence, elle, est bien là, elle s’évapore dans l’air comme un parfum familier... elle m’entoure, me caresse, me berce... Je ferme les yeux, le silence de ma petite chambre pèse sur moi comme une chaude couverture... Et tout me revient par magie... Je me souviens de tout...

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