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les cendres d'A
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24 janvier 2010

extrait du roman à venir : tentations

Charlotte, le lendemain, après avoir fait quelques achats qu’elle avait laissés traîner depuis la rentrée, une flûte en bois, des feutres pinceaux, une collection complète de slips de tout âge, regardant sur son portable l’heure qui lui rappelle douloureusement que tapie au fond d’elle s’agrandit sa faim, ténue comme une mauvaise compagne bruyante et exigeante qui aurait frappé à la porte du ventre de grands coups creux au point qu’elle se sente devenir une masse difforme logeant dans ses entrailles un monstre, va d’un pas pressé pour échapper aux vitrines qui offrent à ses yeux gourmands des étalages de menus que d’autres qu’elle, attablés, peuvent goûter avec un verre de vin, avant d’hésiter, et elle n’hésitait jamais dans ces cas-là, à prendre un dessert, à se remplir de plus belle le ventre déjà bien rempli, menus ou tableaux noirs déroulant les plats du jour alléchants dont elle voyait la mine dans les assiettes, mais cette fois elle ne cèderait pas, elle résisterait à l’envie de prendre son téléphone et de proposer à Florence de descendre la rejoindre, juste en bas, elles auraient pu aller par exemple goûter les paupiettes de veau du petit troquet au bout de la rue où elles perdaient des après-midi entières à discuter et à rire en regardant passer les gens pressés, où ils avaient d’ailleurs un très honorable fondant au chocolat dans la carte des desserts, mais non, elle passe de son petit pas pressé non sans suivre du regard les tables pleines et celles qui restaient encore libres ; la boulangerie ensuite lui offre un panel de pâtisseries qu’elle a toutes au moins une fois goûtées, sauf les financiers, les quatre-quarts au citron, la tarte meringuée et le baba, qu’elle estime mieux réussir, même si le reste ne lui laisse, au final, qu’un agréable goût sucré mais rien de transcendant, rien qui vaille la peine de s’arrêter cette fois, alors que son quota de sucré se réduit presque au néant, en en plus il y a la queue, les gens vont là chercher un mauvais sandwich à la fois trop sec et trop gras, une petite tarte trop salée qui ne fait pas, cette fois, envie à Charlotte, c’est au moins le signe que son appétit ou sa gourmandise s’étiole, se calme et qu’elle parvient finalement à dompter cette vilaine bête ; mais ensuite, après la boulangerie, le petit libanais diffuse jusqu’à ses narines éprouvées une grosse odeur d’épices et d’ail, d’herbes et d’amande, tout cela mélangé formant une suave couleur brune qui ressemble à celle du houmous et qui la hante encore quelques mètres alors qu’elle l’a dépassé, et puis, ultime tentation qui lui arracherait presque des larmes, ce restaurant thaï qui vient d’ouvrir en bas de chez elle, juste en bas, avec ce décor épuré, ces petites tables noires en wengé sur lesquelles ils ont monté des petites lampes blanches, sur le menu elle lit avec envie pour la dixième fois le menu, des concombres tofu cacahuète sarriette, le foie gras poché dans un bouillon chinois, et l’alléchant biscuit citron et huile d’olive, servi avec une glace au lait. Elle s’en sort encore cette fois-ci, et pense avec un dépit mêlé d’espoir à la soupe maison qui l’attend, aux trois choux, courgettes et fenouil, avec une petite touche de persil et de coriandre, adouci par du lait écrémé.

 

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pas de virgule après écrémé ?
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